Calife à la place du Calife
Départ : Grenade
Arrivée : Cordoue
Longueur de l'étape : 183,99 km
Temps de parcours : 11h21m
Météo : ensolleillé et chaud
Argent dépensé : 2,98 euros
Ce matin, je quitte Grenade sur le coup de 8 heures.
Après maintes recherches pour trouver la route la plus sympa, je décide finalement de simplement suivre la route nationale 432. cette route est appelée la route du Califat car elle était empruntée par de nombreux marchands pour rallier les deux grandes villes du temps où les califes y avaient leurs palaces.
Cette route longe des plantations d'oliviers.
J'aperçois de loin le forteresse de la Mota à Alcalá la Real.
Quelques kilomètres plus loin, j'atteinds le point culminant de mon voyage jusqu'ici, à 940 mètres.
Sachant que la ville de Grenade est située à 500 mètres de hauteur, j'avais déjà effectué plus de la moitié du travail avant Grenade. Cela augure de bonnes descentes !
Je croise un arbre fruitier que je n'ai jamais vu. J'en profite pour goûter le fruit qu'il propose.
Plus tard, dans un supermarché, j'apprendrai que le nom espagnol de ce fruit inconnu est persimon, mais je n'ai aucune idée de son nom français, peut-être mère Michelle ? Si quelqu'un a le nom français, je lui envoie une carte de Séville.
En plus de ce fruit mystérieux, je ne peux m'empêcher de goûter une olive arrachée à un arbre, bien qu'on m'ait prévenu que ce n'est pas bon sans avoir préalablement macéré.
Effectivement, c'est vraiment amer et je finis par recracher le peu que j'ai croqué. C'est un régal ces expériences, le fruit et l'olive me laissent la bouche pâteuse et sèche mais je suis enrichi de ces goûts nouveaux !
C'est la bouche encore pleine de ces nouvelles sensations papillaires que j'arrive à Alcaudete, en début d'après-midi. Ainsi, je peux admirer l'église Santa Maria située en hauteur.
La vue offerte un peu plus loin est encore mieux, plaisirs de la lenteur du vélo...
Je pensais initialement rallier Cordoue en deux jours, mais au cours de cette matinée, inspiré par cette route du Califat, je me vois faire la route entièrement dans la journée. Après la cicatrice laissée par le train pris entre Gandia et Murcie, je crois que j'ai besoin de vivre aussi des journées où je me lance des défis. En plus, je l'avoue, vu les conditions, c'est vraiment un défi accessible. Le temps est propice, le vent me pousse plutôt, mes jambes sont en forme, le vélo se porte bien, le bitûme de la nationale accroche bien mes roues. C'est décidé, route du Califat en un jour ! C'est mon accession au trône à moi. Le fauteuil est tout de même encore à environ 90 kilomètres.
Alors que ma décision est prise, je pense à ces califes qui ont étendu leur domaine à cette époque dans l'Andalousie. Mon domaine réduit de quelques mètres cubes me suffit amplement pour parcourir cette route mais tel un calife, chaque kilomètre parcouru sur cette route me donne l'impression d'étendre mon propre domaine.
Je fais même quelques détours pour voir l'église de l'Asuncion à Castel del Rio. Le nom de l'église m'est donné par un groupe de jeues garçons jouant sur la place.
Après quelques mots échangés avec les jeunes, je redescends la côte menant à cette église. En repartant, sur une route pavée, au ralenti, je bute sur le trottoir et tombe lamentablement. Une petite égratignure à la jambe comme seule séquelle me permet de me remettre immédiatement en selle.
Cette journée prolongée à rouler me fait vivre mon premier coucher de soleil à vélo.
Le décompte des kilomètres restants m'est donné par les bornes de la départementale menant à Cordoue.
Je profite des vues offerts...
La nuit donne un petit côté Blair Witch...
Une vue de Cordoue illuminée pour terminer cette longue journée.
J'arrive donc un jour en avance sur Cordoue et Marcos qui devait me recevoir que demain accepte que je passe la nuit chez lui dès ce soir, malgré mon arrivée tardive à 22 heures sur le fronton de sa porte. Je suis content de cette journée qui me montre que je suis capable de rouler de mieux en mieux, malgré une température de plus de trente degrés et un peu de dénivelé, le tout avec pour seule nourriture trois barres de céréales et 4,2 litres d'eau. Par contre, à l'arrivée, avant de retrouver Marcos, je m'enfile ma baguette entière remplie de chorizo. Je pense bien dormir avec le titre de Calife que je m'octroie, juste pour une nuit !