Salam Alikoum
Mon long silence confirme que les mises à jour futures vont se faire de moins en moins fréquemment. Je serais menteur en ne prétextant le seul souci matériel pour vous donner des nouvelles. La vérité est que je me plonge peu à peu dans ce voyage. Je mets le temps mais j'avoue qu'il est plus difficile que je pensais de se débarrasser de certaines habitudes liées à notre culture occidentale. J'espère que le continent africain me permettra ce changement.
Je passe mes derniers instants en Espagne en savourant une glace comme pour digérer le pays de la manière la plus agréable possible.
Engloutie en moins de cinq minutes, je souhaite immortaliser alors mon passage par cette pointe de l'Europe, là, en posant à cet endroit si particulier où les courants de la Méditerranée et de l'Atlantique se rencontrent.
Au-delà du symbole de bout de l'Europe, cet emplacement, en cet instant, est pour moi la porte à une toute nouvelle étape du voyage, premier changement de continent. Je patiente devant une file de voitures pour prendre le bateau effectuant la traversée.
Je comble une partie de ce temps en remplissant le formulaire de douane.
C'est alors que j'embarque sur ma Delorean à moi.
En effet, cette navette qui quitte le port de Tarifa à 19 heures, arrive à destination à 18 heures, heure locale du fait de l'heure de traversée et des deux heures de décalage horaire. Je me sens donc comme Marty à effectuer un retour vers le futur.
Je laisse derrière moi le continent européen...
...pour poser mon premier pas sur le continent africain.
L'accueil affiché est pour le moins chaleureux.
Adil et son ami Abdu, véritable cordon bleu, me permettent d'arriver à Tanger tranquillement.
Je prends alors les routes marocaines qui dépaysent dès les premiers coups de pédale et ce aussi bien au niveau de la flore...
...que de la faune.
Mes repas voient le chorizo remplacé par de la vache qui rit.
Le bord des routes est parsemé de vendeurs ambulants.
Sur la route pour Fès, je croise un groupe de jeunes enfants qui m'interpellent. Je fais une petite pause et remarque Adem, intimidé qui s'approche à reculon. Je ne résiste et trouve celui à qui j'offre le sac trouvé sur la route en quittant l'Ile de Ré. Il n'a pas l'air rassuré par ce cadeau...
Je passe par Volubilis et ses vestiges romains.
Les dunes sont omniprésentes sur le route pour Fès.
Les petits déjeuners sont plaisir quotidien.
L'arrivée à Fès se fait avec une nouvelle crevaison qui abîme le pneu. Contraint, j'effectue le trajet Fès Rabat en car avec, là encore, beaucoup d'amertume comme chaque fois que j'abrège des parcours.
Même le nom de l'avenue que je longe à mon arrivée à Rabat semble me narguer après cette nouvelle étape sans pédaler.
Ilyas peut me recevoir et je compte y faire une halte avant de rejoindre Casablanca qui sera mon dernier ravitaillement avec une adresse où je sais d'avance que je peux m'arrêter un peu. Ilyas est adorable. Son hospitalité me permet d'effectuer tranquillement ma demande de visa pour la Mauritanie. Il en profite en plus pour me faire visiter la ville et j'adore flâner dans le quartier des Oudayas qui offre une vue imprenable sur la ville voisine, Salé et l'océan.
Se faufiler dans les petites ruelles de ce quartier est aussi agréable.
Un petit tour par l'inévitable médina de Rabat.
Une visite de la tour Hassan, ruines de la mosquée bâtie par Yacoub Al-Mansour, détruite au moment du tremblement de terre de Lisbonne de 1755 et du mausolée de Mohammed V où repose le défunt roi Mohammed V et ses deux fils, le défunt roi Hassan II et son frère cadet Moulay Abdellah.
Cette étape est reposante mais bien que j'en parle moins, j'ai toujours ces soucis récurrents qui me trottent en tête. Je compte recevoir un colis à Casablanca avec des pneus de rechange, j'espère que cela solutionnera sur le long terme ces soucis mécaniques qui me font parfois penser à abandonner. Mais je dois l'avouer ce sont des divagations négatives bien vite comblées dès que je me remets en route.
En plus, l'accueil que me fait Ilyas ne peut que me faire oublier ces soucis. Je le remercie grandement. En plus des visites, il m'a convié à un après-midi coiffeur hammam qui a le don de me détendre complètement. Surtout que ma dernière visite chez un coiffeur remonte à drôlement longtemps et que ce fut ma première expérience de hammam. On ressort tout léger et nous sommes alors bien en appétit pour partager un repas chez lui. Voici de quoi ont l'air des hommes légers, prêts à déguster un vrai festin.
Pendant ce repas, je remercie silencieusement Isil de m'avoir donné ce contact. Il faut définitivement que tu viennes lui rendre visite ici. D'autant que le repas préparé par Badia est un vrai régal. Ma proposition d'emmener Badia avec moi, sur le vélo, restera vaine. Vache qui rit, on se retrouve bientôt !
J'en profite également pour vous faire part de la publication d'un article sur mon projet dans le magasine Cyclo Passion.
Je compte bien peaufiner mes derniers réglages administratifs et matériels entre Rabat et Casablanca pour me remettre en route assez rapidement. De toute façon, la date d'entrée prévue par le visa en Mauritanie étant fixée au 10 décembre et ce pour une durée de séjour d'un mois, j'ai une échéance qui m'oblige à ne pas trop tarder.
Je souhaitais vous informer aussi du fait que je vais bientôt avoir un tshirt du voyage, grâce à Simon à nouveau. J'envisage même une collaboration avec le Cafézoïde, café pour enfants situé dans le 19ème arrondissement de Paris. Je pense prévoir une version du tshirt à mettre en vente. Ainsi, les fonds récoltés serviront à couvrir entièrement les frais d'édition du tshirt et les bénéfices iront directement au Cafézoïde. Voici le lien de ce lieu qui m'est cher, à titre d'information :
http://www.cafezoide.asso.fr/
Parallèlement à cette envie, je vais entamer ma correspondance avec une classe de CE1, CE2 de l'école primaire de Viollet le Duc de l'académie de Toulouse. J'avoue que ces soutiens d'enfants après l'épisode de Murcie, me font beaucoup de bien et sont une source d'énergie inépuisable dont je compte bien profiter.